Reboot : On recommence, ou presque…

Derrière ce titre se cachent plusieurs semaines de doutes. J’ai même annoncé à mon entourage que j’arrêtais la construction de l’avion. Sur le moment, ça a été un soulagement. Et pourtant, me voilà encore ici, à écrire sur ce blog… Preuve que la décision n’est peut-être pas si définitive. Pour remettre un peu les choses en contexte : j’avais terminé la fabrication des cadres C0 à C10 et je m’apprêtais à entamer le gros chantier du fuselage, avec la mise en place de la lisse principale.

Le constat

Le constat est sans appel : les cadres C1, C2, C3 et C5 ne sont pas aux bonnes dimensions. L’écart peut sembler faible, mais il atteint parfois jusqu’à 4 mm, ce qui est inacceptable. Comme je le répète souvent, lorsqu’on construit une machine destinée à voler, on doit être absolument certain de ce que l’on fait — sinon, on ne prendra jamais les airs avec. C’est un vrai coup dur, d’autant plus que la fabrication des cadres, bien que relativement simple, consomme quand même un peu de bois et génère des chutes. Alors, qu’est-ce qui a cloché ?

Finalement, pas si bien que ça c’est cadre

Retour d’expérience

J’ai acheté du pin d’Oregon chez Bois Center et j’ai été déçu par la qualité : Le bois réagit bien lors des tests de casse (c’est déjà ça me direz vous !) mais les dimensions réelles sont inférieures à celles annoncées, le bois est souvent vrillé ou tordu, et il y a des chanfreins, réduisent encore la matière exploitable. Cela oblige à corriger et recouper, ce qui engendre des pertes. Un exemple parlant avec un madrier de 41×150, si vous voulez faire des baguettes de 18×18 sur la partie en 41mm, vous ne pouvez en faire qu’une ! Si on supprime les 2 chanfreins et que l’on prend la lame de la scie (3mm), la deuxième baguette fera moins de 18… car le madrier fait en réalité 38 et pas 41…

Côté équipement, j’ai démarré avec trop peu d’outils : peu de sert-joints, une scie sauteuse peu efficace, et une dépendance à l’outillage d’un ami. Aujourd’hui, avec plus d’outils adaptés (scie sur table, scie à ruban, ponceuse orbitale, lapidaire), je travaille bien plus efficacement, c’est le jour et la nuit !

Les deux outils que j’utilise le plus : Scie à Ruban et Lapidaire !

La liasse contient une quantité d’informations impressionnante et dense, avec des retours d’expérience souvent très pertinents. Cependant, pour pouvoir en tirer pleinement parti, il faut déjà posséder un certain niveau de compréhension et de compétences. Certains raccourcis proposés ne sont réellement utiles que si l’on est en mesure de les interpréter correctement. Globalement, la liasse est bien organisée, mais un vrai problème réside dans le mélange entre les plans obsolètes et les plans à jour. Certains documents ne doivent plus être utilisés, mais cela n’est pas toujours logiquement indiqué. Il faut donc « sur-analyser » les plans et les documents pour éviter de fabriquer une mauvaise pièce, c’est frustrant. Un simple dossier « Archives » pour isoler les anciens plans améliorerait considérablement le confort de travail.

La disponibilité de certaines pièces pouvait me sembler critique au départ, comme la verrière ou le carbone pour le longeron. Aujourd’hui, ces points ne sont plus bloquants. Les bonnes informations sont dans la liasse, il faut analyser correctement.

Tout cramer et repartir sur des bases saines

Les fans de Kaamelott auront reconnu la référence — pour les autres, rassurez-vous, je n’ai rien mis au feu ! J’ai simplement décidé de repartir sur de bonnes bases en réutilisant des chutes de contreplaqué peuplier en 18 mm pour refaire certains cadres, cette fois avec un peu plus d’expérience. Au départ, je m’étais vraiment compliqué la vie, ce qui avait donné des angles mal découpés et beaucoup trop de ponçage pour tenter de rattraper les erreurs (sans grand succès).

Cette fois, j’ai suivi la méthode préconisée dans la liasse : coller directement les impressions sur le bois et découper à la scie. J’ai utilisé ma scie à ruban, un outil que je maîtrise bien, et le résultat est sans appel : les découpes sont nettes, droites, et quasiment pas besoin de retouches. J’aurais clairement dû procéder ainsi dès le début !

On sort les chutes de CP 18mm, les gabarits papier, de la colle et c’est reparti comme en janvier !

Sur le plan de travail, je trace les cadres à la main, ils respectent tous la même logique et les dimensions inférieurs sont toujours les mêmes ! Seuls la largeur et hauteur changent. D’ailleurs on peut facilement superposer tous les cadres sur un côté pour s’en rendre compte !

J’ai réalisé ça en une petite soirée ! Assez peu de retouche, prêt pour le collage !

La reconstruction des cadres C1, C2, C3 et C5 a été rapide, portée par l’expérience acquise et ma désormais belle collection de sert-joints. J’en profite même pour avancer en parallèle sur d’autres parties du projet !

A gauche on prépare la construction du longeron d’empennage horizontal et à droite, je prépare le collage de C1, dont les baguettes viennent d’être coupées au garage
Un longeron en attente de son renfort carbone, des nervures à finir de poncer, et du bois sous presse pour rectification… Ce n’est pas grand-chose, mais j’essaie de réunir les meilleures conditions et le bon matériel pour travailler proprement.
Les parties déjà terminées qui attendent, à plat, à l’abris (garage bien isolé et pas humide)

On pourrait dire, à juste titre, que le bois utilisé pour les cadres C1, C2, C3 et C5 est gâché… et, c’est pas faux. Plutôt que de tout jeter, j’ai décidé de récupérer ce qui peut l’être. Le pin d’Oregon reste facile à trouver et relativement abordable (même si la qualité, comme évoqué plus haut, laisse à désirer). Ce qui coûte cher, en revanche, c’est le contreplaqué. Armé d’un guide et de ma scie sur table, j’ai donc entrepris de découper proprement les cadres pour récupérer l’Okoumé/Akajou. Et bonne surprise : ça fonctionne plutôt bien ! Je vais devoir entamer un peu de stock pour refaire les cadres, mais beaucoup moins que prévu initialement.

En sacrifiant la structure, je peux récupérer des planches de coffrage, en bon état. C’est plutôt mieux que rien.

Au final, les nouveaux cadres sont exactement aux bonnes dimensions, ouf ! Ils sont cohérents entre eux, et je peux avancer sereinement car je sais que le travail est bien fait. Cela dit, même les premiers cadres, malgré leurs défauts, étaient extrêmement solides. Cela me permet de mesurer à quel point un Gaz’Aile 2 terminé doit être robuste. La conception structurelle combinée aux collages époxy offre une solidité vraiment impressionnante. La scie sur table s’en sort bien pour les découpes, à condition d’y aller doucement. En revanche, la scie à ruban a plus de mal : c’est du costaud ! Et c’est quelque chose de très rassurant pour la suite : le Gaz’Aile est vraiment une machine solide.

In the end… I tried so hard, and got so far

Pour clore ce long article riche en photos, une petite référence à Linkin Park s’imposait. Aujourd’hui, je prends réellement plaisir à avoir « rebooté » le projet, car je dispose de l’équipement nécessaire pour travailler correctement. J’ai aussi la chance d’avoir un peu d’aide : mon père, ancien menuisier et passionné d’aéromodélisme depuis des années, m’apporte son expérience précieuse ; mon beau-père, plus branché métal (le matériau, pas la musique), me donne un coup de main sur les pièces métalliques — j’ai d’ailleurs pu constituer un beau stock de pièces déjà terminées, ce qui est franchement rassurant.

Honnêtement, je ne sais pas encore de quoi la suite sera faite. Pour l’instant, j’ai limité les dépenses et je me concentre sur la finalisation de ce qui a déjà été commencé. C’est à la fois amusant, formateur et, à ce stade, presque sans coût, alors pourquoi s’en priver ? J’ai de quoi m’occuper pendant encore plusieurs mois, avec comme objectif à court terme : l’assemblage du fuselage. À ce moment-là, j’aurai les deux empennages prêts avec leurs pièces métalliques, ainsi que le bois pour la lisse principale. Il me restera à acheter de la colle et du tissu de verre pour continuer. Je vais cependant devoir récupérer plus de données sur la verrière, qui actuellement est un véritable point noir sur ce projet.

Construire un avion comme le Gaz’Aile 2 est une aventure passionnante à bien des égards, mais c’est un projet de longue haleine. Je ne ferme pas la porte à l’idée d’avoir une autre machine en parallèle pour continuer à voler à moindre coût. Aujourd’hui, nous sommes deux à voler — ma femme, qui est en formation 3 axes, et moi, qui viens de passer les 100 heures —, alors disposer de notre propre appareil deviendra rapidement indispensable.

En terme de planning, ce que j’ai en tête

  • 2025 : Fuselage entier
  • Début 2026 : Motorisation, achat d’une petite machine pour voler en local ?
  • Milieu 2026 : Composites (Verrière ?)
  • 2027 : Les ailes et les affinages
Youhou 100h de vol ! Encore si jeune 😉

2 réflexions au sujet de “Reboot : On recommence, ou presque…”

  1. Je souhaite que ton projet titanesque se concrétise un jour…quelque soit la finalité, tu aura acquis plein de choses sur le plan technique mais humain également….et de savoir faire j’en suis sûr !

    Impressionnant déjà de lire tout ça même si je comprend que 1/10 de toute la partie technique cité…on ressent vraiment ta passion et ton engouement pour le projet à travers tes lignes »

    Crois fort en ton projet !

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    • Merci ! C’est une sacré aventure avec son lot de haut et bas. J’espère me tromper pour la partie approvisionnement de certaines pièces. Cela dit effectivement j’ai appris énormément de choses et là c’est devenu plus sympa avec tout ce que j’ai récupéré comme matos pour bosser.

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