Dans mon précédent article, j’expliquais avoir acheté une construction déjà avancée, avec un paquet de pièces. Parmi elles se trouvait un empennage horizontal abîmé. Ici, je vais vous montrer comment je l’ai remis en état pour en faire une pièce solide, fiable et légère.

Etat des lieux et prise de décision
L’empennage horizontal avait souffert lors d’un transport vers un autre hangar. Concrètement, l’intrados présentait un trou gros comme une balle de tennis. Pire : des souris y avaient élu domicile. En ouvrant la pièce, c’était assez peu engageant… et ça sentait mauvais. La première étape a été d’ouvrir proprement pour voir l’étendue des dégâts. J’ai découpé du bas du bord d’attaque jusqu’au haut du bord de fuite, en passant par le CP au niveau du longeron. Pas évident de décoller le coffrage à cet endroit, surtout autour du renfort carbone, mais il fallait en passer par là pour accéder à l’intérieur.

Les dégâts
À l’intérieur, plusieurs nervures avaient été grignotées, les ferrures étaient fortement oxydées (probablement jamais traitées) et la structure était souillée par les déjections. J’ai eu un moment de doute : fallait-il repartir de zéro et reconstruire l’empennage ? Ce n’aurait pas été une surprise, j’avais anticipé ce risque lors de l’achat. Mais j’ai choisi de tenter la restauration.

Restoration de l’empennage
Une fois le coffrage retiré, j’ai entrepris un nettoyage complet. Tout l’intérieur a été soigneusement poncé jusqu’à retrouver un bois sain, débarrassé des traces laissées par les souris. Le vernis de l’extrados interne a été éliminé pour repartir sur une surface propre, puis réappliqué afin de garantir à nouveau la protection contre l’humidité et les attaques biologiques. Cette étape m’a permis d’assainir totalement la pièce et de repartir sur une base saine.

Certaines nervures, trop abîmées, ont été remplacées. D’autres ont été renforcées par un contreplaqué de balsa imprégné d’époxy, combinaison légère et résistante qui me donne aujourd’hui confiance dans la tenue structurelle. Pour préparer le nouveau coffrage, j’ai ajouté des languettes de contreplaqué de 1,2 mm entre chaque nervure. Cela crée une assise régulière et solide pour recevoir le placage final.

Enfin, comme le démontage avait légèrement entamé la stratification carbone du longeron, j’ai pris la décision de renforcer cette zone. Une bande de tissu carbone a été stratifiée entre longeron et coffrage, rétablissant la continuité mécanique et garantissant que la pièce retrouvera toute sa rigidité d’origine.

Après avoir collé le coffrage de l’intrados, j’ai appliqué du microballon pour réaliser un joint régulier entre le placage et la structure de l’empennage. J’ai également découpé une partie du contreplaqué autour des ferrures afin de conserver un accès ultérieur. Comme le recommande la documentation relative à la stabilité , j’installerai à cet endroit une petite trappe, ce qui me permettra de vérifier périodiquement l’état des ferrures sans avoir à démonter l’ensemble.

En fin de compte, ce qui semblait au départ une pièce perdue s’est transformé en une belle victoire : un empennage sain, renforcé et prêt à reprendre sa place. Preuve qu’avec un peu de persévérance et beaucoup de poussière de bois, on peut redonner vie à des éléments qu’on croyait bons pour la benne.

Les ferrures
Comme vous pouvez le constater sur les photos, les ferrures d’origine étaient fortement abîmées : oxydées et fragilisées, elles étaient tout simplement inutilisables. J’ai donc décidé de les refaire entièrement en utilisant des cornières en dural . Cela permet de rester fidèle au montage initial et d’éviter de devoir réaligner tout l’empennage sur le fuselage, ce qui aurait impliqué beaucoup plus de travail.

J’en ai également profité pour appliquer le correctif lié à la stabilité décrit dans la documentation . Concrètement, j’ai avancé les ferrures en insérant des cales de 20 mm. Ce réglage, désormais largement adopté par les constructeurs, permet d’améliorer le comportement en vol en rendant la machine plus stable, tout en réduisant le besoin de contrepoids.
Un mal pour un bien
Avec le recul, je me dis que c’est une chance d’avoir découvert l’empennage dans cet état. Si je l’avais monté tel quel, avec des ferrures rongées par la corrosion, cela aurait représenté un vrai danger en vol. Ces pièces sont critiques pour la tenue de l’empennage, et leur faiblesse aurait pu avoir de graves conséquences.

J’ai donc pris le temps d’examiner soigneusement toutes les autres ferrures de l’avion : celles du fuselage, de la dérive et des ailes. Heureusement, je n’ai retrouvé aucun problème similaire ailleurs. Le défaut semble vraiment isolé à l’empennage horizontal, probablement à cause d’un mauvais stockage ou de l’humidité qui a stagné dans cette zone précise.

Conclusion
La prochaine étape est maintenant la stratification de l’ensemble, suivie de l’application de l’apprêt. Mais surtout, il reste à construire le tab, dernière pièce qui viendra clore définitivement ce chapitre de la restauration. Une fois terminé, l’empennage horizontal sera non seulement sauvé, mais aussi fiabilisé et amélioré par rapport à son état initial.
J’ai également avancé en parallèle sur plusieurs autres parties de la construction, que je présenterai très prochainement. N’hésitez pas à commenter si vous souhaitez que je développe certains points en particulier : vos retours orienteront les prochains articles.
